Altern_Aktus - Bulletin du 17.04.2005
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il y a 20 ans 4 jours #4533
par baboon
Altern_Aktus - Bulletin du 17.04.2005 a été créé par baboon
- Le Togo, de l'esclavage au libéralisme mafieux
- Sur les prisonniers politiques argentins
- Offensive n°6
- Refuser l'homophobie, est-ce un crime ?
- Petites considérations sur l'antisexisme en milieu libertaire
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Le Togo, de l'esclavage au libéralisme mafieux, par Gilles Labarthe
From : y.bon
Info datant du 14.04.05
""Pionnier des indépendances, riche en matières premières, le Togo fut longtemps surnomme "la Suisse de l'Afrique". Les projets de developpement concoctes par les anciennes puissances coloniales l'ont vite fait crouler sous le poids de la dette.
Soumis ensuite aux programmes de privatisation sauvage dictes par la Banque mondiale, ce minuscule Etat devint un espace off-shore ou s'activent milices privees americaines, agents secrets francais, cooperants allemands, hommes d'affaires sans scrupules, politiciens corrompus et avocats vereux. Autant de reseaux qui se concurrencent au service d'une passion commune: arracher leur part du butin en detournant les fonds publics, participer au pillage des ressources naturelles pour leur propre compte ou pour celui de multinationales predatrices.
En reponse aux theses persistantes qui voudraient attribuer la responsabilite du marasme aux Africains eux-memes, ce livre demonte les principaux mecanismes et jeux d'influence etrangers qui ont contribué à ruiner l'equilibre economique et social d'une jeune nation.
Le coup d'Etat militaire et les pressions diplomatiques qui ont immediatement suivi la mort de Gnassingbe Eyadema, le 5 fevrier 2005, apres trente-huit ans d'un regime sans partage, l'ont encore confirme: les chancelleries occidentales ne cessent d'interferer pour imposer leur candidat a la succession du dictateur et garantir leurs interets dans la region.""
Collection "Dossiers noirs"
Coedition Agir Ici et Survie
208 pages - 11 x 17 cm
11 Euros
En librairie le 12 avril 2005
www.agone.org/letogodelesclavageauliberalismemafieux
Editions Agone
BP 70072
F-13192 Marseille cedex 20
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Sur les prisonniers politiques argentins
From : worker
Info datant du 13.04.05 (sur a-infos, www.ainfos.ca/ )
Depuis 9 mois sont détenus des innocents pour avoir protestés contre le nouveau code pénal de la ville de Buenos Aires (qui leur interdit de travailler), lors d'incidents provoqués par des policiers en civil. Depuis 7 mois sont détenus des chômeurs pour avoir demandé du travail. Tous risquent plus de 10 ans de prison pour des accusations inventées de toutes pièces. Il est évident qu'il s'agit pour le pouvoir d'intimider et de dissuader les pauvres de ce pays.
Le célèbre historien argentin, Osvaldo Bayer, auteur de "La Patagonie rebelle", nous en donne sa vision.
AGENDA ARGENTIN DE L'ETHIQUE
par Osvaldo Bayer
J'ai toujours rendu visite aux prisonnier(e)s politiques. (...) Il y a deux jours, je suis allée à la prison de Devoto. Quand j'y entre,
j’éprouve de la tristesse, de la mélancolie et de la rage. L'entrée par laquelle arrivent les familles des prisonniers est remplie d'ordures et de tristesse. Et les femmes avec des paquets d'aliment. Ce sont les véritables victimes de la société, de cette société qui n'a jamais cessée d’être autoritaire. (...) Donc, il y a deux jours je suis allé à la prison de Villa Devoto rendre visite aux prisonniers de la "Legislatura" (Parlement de la ville de Buenos Aires). Il est quand même formidable de dire qu'ils sont prisonniers pour le "Code de Vie en commun."Prisonnier(e)s pour vie en commun ? Oui. Ils et elles sont vendeurs ambulants, travestis et prostituées. Ils sont prisonnier(e)s depuis juillet 2004, accusé(e)s de charges qui peuvent leur faire souffrir 14 ans de prison. Rien de moins que de "coaction aggravée, privation de liberté, résistance à l'autorité. Oui, quatorze ans !
Tous les accusé(e)s sont d'une extrême pauvreté. Bien sûr, ils sont prisonnier(e)s politiques pour n'importe quel connaisseur de la société argentine. Une société qui n'a jamais rien fait pour elles et eux.
Au contraire. Des vendeurs de cacahouètes, de sandwichs, de pop-corn, de glaces. Ce sont eux "les véritables coupables du fait que le pays ne va pas très bien". Pour cela, matraques, prison, pour qu'ils et elles disparaissent des rues de la ville. Un d'entre eux, un jeune de Santiago del Estero (province pauvre du centre du pays), m'a raconté : "J'avais un petit stand près de la Place de Mai, je vendais des jus de fruit et des choses pour les touristes ; toutes les semaines, la police m'exigeait vingt pesos, et ensuite est arrivé l'ordre de nous radier ; je suis allé protester à la "Legislatura". Ils nous ont matraqués, emmenés au commissariat et de là à la prison. Ma femme a du retourner à Santiago avec mes deux enfants, à vivre chez sa mère. Je suis prisonnier depuis juillet, pire qu'un chien d'égout et depuis neuf mois je n'ai pas vu ni mes enfants ni ma femme." Vie en commun. Il d?ment avoir lancé des pierres. Ou brisé une porte. Ce furent les policiers en civil qui ont tout provoqué.
Parmi eux se trouvait Laneri, qui avait aussi joué le provocateur à la fabrique Brukman. Les témoins de l'accusation sont tous des policiers. La plainte a été initiée par le président du Parlement de Buenos Aires, Santiago de Estrada, qui comme antécédent démocratique a d'avoir été ambassadeur de la dictature de Videla au Vatican. Engendrements argentins.
Mais cela oui, les vendeurs ambulants il faut leur mettre 14 ans dans la prison de l'ignominie. La grande rencontre policière contre la pauvreté de Buenos Aires a terminé avec la pauvreté pour toujours. Il n'y a pas plus de pauvres dans nos rues. Grâce au sous-inspecteur Ariel Alberto Romano de la comissariat 49, qui a dirigé les opérations, maintenant s'est terminé la
l?pre dans la ville. Ce sont les méthodes. Un des prisonniers m'a dit avec tristesse : "Je voudrais demander l'asile politique dans un autre pays pour survivre à la violence, aux cafards, aux rats et aux ordures ici dans la prison de Devoto."Les détenu(e)s, pour lesquel(le)s on n'a pas tenu compte du fait qu'ils (elles) étaient descendu(e)s dans la rue ce jour-là
pour défendre désespérément leur "source de travail" dans une société égoïste et perfide, m'ont fait comprendre, avec leurs récits directs et désespérés, que si nous avons toujours quelque chose des principes chrétiens enseignés par Jésus et un reste d'éthique (vise la droite ultra catholique), tous les organismes de défense des Droits Humains doivent les assister. Ne pas les abandonner. Faire la contre-enquête. Les politiques responsables ne peuvent pas nous répondre "c'est aux mains de la justice". Quelle justice, celle qui laisse libres tous les grands tortionnaires et profiteurs et met en prison les plus modestes, ceux qui n'ont pas de travail ? (...) Mais si je pouvais, j'irais aussi rendre visite aux prisonniers de Caleta Olivia.
Prisonnier(e)s politiques. Ils les ont arrêtés parce qu'ils demandaient du travail. Ils sont prisonniers depuis le 3 septembre dernier, c'est à dire rien de moins que sept mois. Une ignominie. Une honte argentine. Ils sont six hommes et trois femmes, sont parents de 23 enfants. Ils sont en prison pour avoir réclamé des postes de travail aux entreprises pétrolières qui
opèrent à Santa Cruz (province du sud). Nous le répétons : à Santa Cruz (Kirchner était le gouverneur de cette province avant d’être élu président). Par hasard monsieur le juge, il y a une autre accusation contre eux ? Non. C'est l'unique, ornée bien sûr avec d'autres mots. Ils ont été les porte-paroles des travailleurs qui ont campé face à la mairie et ensuite occupé dans les installations pétrolières de Termap. Le pouvoir a reconnu la raison ouvrière et ainsi ils ont obtenu 400 postes de travail et l'acte-accord a été signé par les entrepreneurs, le maire de Caleta Olivia et quatre des six ouvriers qui sont prisonniers. Une fois terminé le conflit, les entreprises se sont vengées. Elles les ont fait mettre en prison avec les mots de toujours : "privation illigitime de liberté, usurpation, dégats, ralentissement de l'activité économique, empêchement de fonctions publiques", pour lesquels sont prévus 16 ans de prison. Je lui demanderais, à monsieur le juge et à monsieur le gouverneur, si ils ne savent pas que le mouvement ouvrier argentin, au début du siècle dernier, a réussi à conquérir les sacrées huit heures de travail en sortant dans la rue et en luttant à visage découvert. Les ouvriers de Caleta Olivia ont aussi lutté pour quelque chose de sacré :
pouvoir travailler.
Un des prisonnier s'appelle Mauricio Perancho. Il a 32 ans et sept enfants. Il parle peu mais quand il le fait, il dit ceci "Ici commandent les entreprises pétrolières. La faute est du gouvernement parce que nous avons signé un accord et eux s'engageaient à nous donner des postes de travail et ils ne l'ont pas respecté". L'Eglise lui a demandé si ses enfants avaient besoin de quelque chose et lui a répondu : "La seule chose dont ils ont besoin est de leur père en liberté".Une phrase pour ceux qui gouvernent. Il faut une loi d'amnistie pour les prisonniers politiques.
Tout recommencer à zéro. Un véritable code de vie en commun. Et non ce qui vient de se passer à Salta (province du nord) où le gouverneur Romero a attaqué avec matraques et balles de gomme rien de moins que les professeurs qui réclament leurs droits. Ils gagnent un salaire de misère.
L'injustice couvre le sol argentin. On persécute à coup de battons les professeurs comme s' ils n'étaient pas ceux qui ouvrent le futur de nos enfants. Nous nions le futur argentin. J'espère que les intellectuels péronistes réprouvent avec toute leur énergie ces procédés du péroniste Romero. J'ai vu les larmes désespérées des professeurs de Salta.
Dans l'Agenda Argentin de l'Ethique sont comme rendez-vous indiscutable la libération des prisonnier(e)s politiques et le respect que méritent nos enseignants.
Osvaldo Bayer, Pagina12, 9 avril 2005
Traduit par Fab (santelmo(a)no-log.org)
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Offensive n°6
From : Rimso
Info datant du 15.04.05
Edito :
Défendre le pouvoir d¹achat. C¹est désormais le mot d¹ordre des syndicats et des pubs Leclerc ! Pouvoir acheter. Pouvoir consommer. La société capitaliste transforme même les utopies et les revendications des travailleurs et enterre des décennies de luttes sociales pour les transformer en compromis. La vision étriquée, corporatiste et populiste des syndicats semble atteindre son paroxysme. L’absence de projet de société aussi. Peut-on imaginer construire une alternative au capitalisme en réclamant du pouvoir d¹achat ?
Cette revendication n¹a rien à voir avec les luttes historiques pour de meilleurs salaires. Le glissement sémantique est aussi idéologique.
Réclamer un meilleur salaire s¹inscrit dans une lutte de classe. Vouloir un meilleur pouvoir d¹achat témoigne de la résignation face au dogme capitaliste. Réclamer un meilleur salaire, c¹est lutter au coeur de l¹entreprise, de l¹état. Instaurer un rapport de force avec son patron.
Mener une bataille dans le temps. Le salaire, ce n¹est pas seulement ce qu¹on touche à la fin du mois. C¹est aussi la protection sociale, l¹assurance chômage, la retraite, des acquis tous menacés. Aujourd’hui, la précarité ne touche pas seulement les privés d¹emplois. Être précaire, ce n¹est pas seulement avoir un bas salaire ou pas de salaire. C¹est vivre
aussi dans une insécurité sociale qui fragilise en permanence nos conditions d¹existence laissées pour les laisser entre les mains d¹un patron bienveillant... Face à l’offensive libérale, réclamer du pouvoir d’achat doit bien faire rire le baron Seillière. Cela montre à quel point les luttes sociales ont intégré l¹idéologie capitaliste. Défendre le pouvoir d’achat ne représente rien d’autre que le culte de l¹immédiateté, la fièvre de l’achat. Consommer maintenant, tout de suite. Une drogue qui fait oublier des lendemains qui déchanteraient. Alors que notre planète se meurt de notre système de vie, notre seule revendication serait d’acheter plus ? Non, ce que nous voulons c¹est une vie meilleure, et cela ne passe pas par la consommation. bien au contraire !
Sommaire :
Analyses :
L¹idéologie sportive
Pas d¹Accor pour être exploité-e-s
Lutter contre la précarité 1
Dossier "Homo publicitus" :
La pub sans histoire
L¹industrie de promotion de l¹industrie
Les sciences humaines, un allié précieux
La réalité unique, une nouvelle idéologie
De la pub entre les pubs
Consommation aliénation
L¹hypnose publicitaire ou la perte du regard
Le logo ou la marchandise transformée en personne
La contestation marchandisée
Horizons :
Une étincelle dans la nuit irakienne
Vive la rév-eau-lution
En bref ailleurs :
Entretien
Histoire désordonnée du MIL
Contre-culture :
Souvenirs-souvenirs
Livres
Musique
Arts vivants-ciné
offensive.samizdat.net
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Refuser l'homophobie, est-ce un crime ?
From : sra
Info datant du 08.04.05 (sur a-infos)
Communiqué de presse
Juin 2004, à l'heure même du Mariage de Bègles, le Bloc identitaire distribue sa propagande homophobe sur le marché du cours de Vincennes à Paris. Des militants antifascistes s'y opposent ; 4 d'entre eux sont interpellés et jugés le 13 janvier dernier.
Nombre de personnalités soutiennent leur légitime intervention (voir communiqué et liste des signataires :
solidarite.samizdat.net/news.php3?detail=n1104998462.news ). A la surprise générale, le 10 mars, ils sont condamnés à 4 mois de Prison avec sursis et plusieurs milliers d'euros de dommages et intérêts ! Ce sont donc les tenants du discours homophobes qui vont être dédommagés.
Au moment où le gouvernement fait des déclarations fracassantes et prétend dissoudre les groupes d'extrême droite, citant même "les identitaires", c'est pourtant bien les antifascistes que la justice criminalise.
Pour des faits mineurs, malgré les incohérences du dossier et face à des fascistes du Bloc identitaire (organisation issue d'Unité radicale dissoute), les quatre militants antifascistes ont été très lourdement condamnés.
Les juges ont systématiquement refusé de prendre en compte les témoignages et contexte politique permettant de comprendre cette "affaire".
Cette décision de justice n'altère en rien la détermination des antifascistes, ni dans la méthode, ni dans l'objectif. Au contraire, elle pointe du doigt la pressante nécessité de s'opposer aux actes racistes, réactionnaires et homophobes. Voilà bien le seul enseignement de cette affaire.
Plus que jamais, ici et ailleurs, barrons la route aux fascistes !
Les témoignages de solidarité se multiplient et nous vous invitons à y prendre part. De nombreuses initiatives de soutien sont annoncées pour les semaines à venir.
La solidarité est une arme.
Pour tout contact : sra(a)samizdat.net
S.R.A. Solidarité Résistance Antifasciste
21 ter rue Voltaire
75011 Paris
solidarite.samizdat.net
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Petites considérations sur l'antisexisme en milieu libertaire
Vu sur www.alternativelibertaire.org
Quoi de neuf sous le drapeau noir ?
Petites considérations sur l'antisexisme en milieu libertaire
Nous publions ici ce texte reçu d'un collectif féministe libertaire non-mixte, le Klito.
Il reste beaucoup de choses à faire pour une réelle lutte contre le patriarcat dans les groupes libertaires. Le collectif non-mixte de femmes Klito pointe quelques problèmes et propose des pistes d'actions. Nous, femmes féministes libertaires, voulons tirer un signal d'alarme. Nous dénonçons la double journée des travailleuses qui, une fois rentrées au foyer, se coltinent les tâches ménagères, mais dans le cadre militant, on pourrait parler d'une " double lutte ". La lutte contre le patriarcat requiert en effet deux fois plus d'énergie que d'autres combats, car elle exige de se battre non seulement sur le front social, mais aussi à l'intérieur même des groupes politiques. En effet, qui colle les étiquettes sur les enveloppes ? Passe le balai dans les salles de réunion ? Le plus souvent, des femmes. Qui coordonne les manifs ? Parle le plus fort en réunion ? Le plus souvent, des hommes.
Dans les groupes libertaires de l'Hexagone, la thématique des femmes est certes prise en compte, mais de manière peu satisfaisante. Si quelques groupes se mobilisent pour le 8 mars ou contre les anti-IVG, on peut se demander quelle est la place réelle de la lutte antipatriarcale dans les pratiques et les réflexions des groupes libertaires en France.
Ne nous faisons pas d'illusions : les libertaires, reproduisent les dominations liées au genre et à la sexualité... comme tout le monde. Sauf que, lorsqu'on prétend combattre les dominations, il serait bon de se pencher sur celles que l'on entretient. Ne pas y prêter attention est la meilleure façon de renforcer ce phénomène.
Un peu d'histoire
Le mouvement anar n'a pas souvent hissé le féminisme au rang de ses préoccupations majeures ; un coup d'oeil sur l'histoire nous le confirme. Bakounine qui prônait l'égalité complète entre les femmes et les hommes, a dénoncé la contradiction de beaucoup de militants mâles : en lutte pour l'égalité et la liberté sur le terrain économique et social, ils se comportent comme des tyrans dans leur foyer. Par contre, Proudhon, un pilier du mouvement libertaire, fait figure de misogyne notoire. L'auteur d'une phrase comme " la femme est un joli animal, mais c'est un animal. Elle est avide de baisers comme la chèvre de sel ", est encore le maître à penser de beaucoup. Même chose pour l'homophobie, longtemps assumée par de nombreux anarchistes. Leur argument étant que l'homosexualité représentait une " perversion bourgeoise ". Emma Goldman ne rapporte-t-elle pas les obstacles auxquels elle se heurtait quand elle abordait cette question ? " La censure vint de mes propres rangs parce que je traitais de sujets aussi " peu naturels " que l'homosexualité " raconte-t-elle en 1912. L'idée de libération sexuelle a souvent été récupérée et vidée de son sens antipatriarcal. Pour la plupart des militants, en 1936 comme en 1970, elle signifiait avant tout une disponibilité sexuelle des militantes et des féministes aux désirs masculins.
Les femmes " invisibilisées "
La problématique du genre est rarement intégrée dans les discours et les luttes anticapitalistes ou antiracistes. Partant du bon vieux principe sexiste que le masculin l'emporte sur le féminin, on défend les chômeurs sans prendre en compte qu'ils sont surtout des chômeuses, et que les femmes sont deux fois plus exploitées que leurs collègues dans le monde du travail. En ce qui concerne le soutien aux sans-papiers, on retrouve les mêmes travers : les femmes sont " invisibilisées " alors que leur situation est toujours pire que celle des hommes. On justifie parfois l'absence de cette thématique par le fait que le genre relèverait d'une théorie bourgeoise prônant l'interclassisme. Alors qu'il s'agit d'un outil d'analyse précieux pour comprendre les inégalités, entre hommes et femmes, entre les hétérosexuels et les autres. La non-prise en compte de cette question se produit de plusieurs manières. Cette invisibilité de l'oppression des femmes, en particulier, vient notamment du fait que de nombreux libertaires (hommes et femmes) possèdent une vision cloisonnée des luttes. Comme si les problèmes rencontrés par les femmes pouvaient se réduire à un seul espace de lutte. Alors que dans les luttes contre le patronat, la misère et la précarité, ou pour la liberté de circulation et les droits des immigré(e)s, les femmes sont les premières atteintes, il est rarement fait mention, dans les tracts par exemple, de ce qu'elles subissent à cause de leur sexe. La question du genre est transversale et présente dans toutes les luttes ! Croire, comme beaucoup, que ce thème est réservé aux femmes (femmes dont on va dire, dans le meilleur des cas, qu'on les " soutient dans leur lutte ") permet de se dédouaner de ne pas participer à la lutte contre le patriarcat. L'intitulé " Commission femmes " utilisé par certains groupes libertaires, comme par des partis sociaux-démocrates, révèle bien le désengagement implicite des hommes. Le mouvement Mujeres libres (Femmes libres) pendant la Guerre d'Espagne constitue un exemple unique de lutte massive de femmes anarchistes. Mais il ne faut pas oublier que ce groupe de féministes prolétaires, rassemblant jusqu'à 20 000 femmes, a rencontré de nombreuses résistances chez les hommes du même bord. Ces derniers qui pensaient que les ouvrières volaient leur place aux hommes, n'ont pas accepté, en particulier, que les Mujeres Libres critiquent la glorification de la maternité. Vous avez dit " non-hiérarchie des luttes " ?
Patriarcat et capitalisme
Une autre façon, plus subtile, de ne pas intégrer le féminisme aux luttes en cours, est, paradoxalement, d'inclure " naturellement " le thème patriarcal à la lutte des classes. Pour certain-e-s, il suffit de se réclamer de l'anarchisme pour être automatiquement féministe. Considérer le patriarcat comme un avatar ou une conséquence du capitalisme, c'est refuser de voir la spécificité de ce système fondé sur le genre. C'est bien utile de penser qu'en menant une lutte des classes, on lutte contre toutes les dominations ! Le capitalisme ne totalise pas l'ensemble des oppressions (cela serait bien simple). La lutte contre le patriarcat est une lutte à part entière. Et si les effets du patriarcat et du capitalisme se renforcent et s'interpénètrent, il faut bien admettre qu'il s'agit de deux systèmes autonomes (certaines sociétés patriarcales sont bâties sur une économie qui n'a rien de capitaliste). Et qu'il y a donc deux luttes (au moins) à mener parallèlement. Parmi les femmes militantes libertaires, peu dénoncent ces carences. Sans doute parce que comme toutes les autres femmes elles ont intériorisé l'invisibilité du patriarcat. Il y a de fait plus d'hommes que de femmes dans les groupes anarchistes. Le fait que les femmes s'investissent peu dans la politique est un phénomène social, mais l'image violente et guerrière qui colle encore à la peau de ceux qui brandissent le drapeau noir y est sans doute pour quelque chose. Entretenir ce " folklore " viriliste a-t-il vraiment un sens ? Par ailleurs, pour de nombreuses femmes il est difficile de se reconnaître comme faisant partie du groupe des femmes. Se persuader que nous vivons les choses de manière identique aux hommes dans la réalité sociale permet de se fondre dans le groupe des militants au nom de la cohésion du groupe. On les comprend : les femmes qui tentent de pointer ces questions d'oppression en interne se voient affublées de l'étiquette " féministe ", qui signifie pour beaucoup " emmerdeuse chronique ". Ce mépris pour la question du patriarcat traduit la difficulté à regarder en face les mythes sur lesquels reposent de nombreux groupes politiques, tels que : " la question du pouvoir n'existe pas au sein du groupe ", " il n'y a pas de domination entre les militant(e)s ", etc. Il est temps de reconnaître qu'un groupe militant n'est pas coupé du reste de la société et ne fonctionne pas en vase clos.
Le genre ? Connais pas...
Dommage que les analyses de certains libertaires se limitent au statut des femmes sans prendre en compte la construction sociale des genres féminins et masculins. La plupart des libertaires n'arrivent pas à dépasser les théories essentialistes selon lesquelles nos comportements reposent sur des différences biologiques, différences qui sembleraient expliquer (sans la justifier) la domination masculine. Or, la nature seule ne peut fabriquer les catégories hommes/ femmes telles qu'elles existent. On ne naît ni homme ni femme ; on devient l'un ou l'autre. Dès notre enfance, la famille, l'école et la société en général nous inculquent des rôles différents selon notre sexe biologique. Aux filles, sont enseignées les valeurs de douceur, de compréhension, de soumission et de passivité. Aux garçons sont transmises celles de la violence, du courage, de l'affirmation de soi. La prise en compte de ce conditionnement qui forge chacun-e d'entre nous permet de dépasser la thèse d'un déterminisme biologique et de qualités " naturellement " féminines et masculines. La construction du genre que le milieu féministe s'est largement approprié, y compris chez les réformistes, ne parvient pas à faire sa place dans les milieux libertaires. En effet, il est plus facile de s'unir sur la base d'un ennemi commun extérieur (les religions, les fachos qui bafouent les droits des femmes et les patrons qui les exploitent) que de se remettre en cause individuellement pour tenter d'entrevoir les rapports de pouvoir qui existent au sein des organisations libertaires. C'est ainsi que la majorité des groupes libertaires non seulement ne remet pas en question les fondements du patriarcat mais l'entretient.
La sexualité est politique
Cette lacune dans la réflexion des libertaires en matière de féminisme entraîne, outre une discrimination à l'égard des femmes, une négation des lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT). Ces derniers existent-ils/elles dans les milieux libertaires ? Bien sûr, comme partout dans la société. Néanmoins, on est en droit de se poser la question tant elles et ils sont " invisibilisé(e)s ". Sous couvert de respect de la liberté individuelle, on déclare que le privé n'est pas politique et on impose un tabou sur les discussions autour des sexualités, quelles qu'elles soient. On refuse de considérer que la sexualité est construite culturellement, une donnée essentielle issue des luttes des années soixante-dix. Refuser de parler des enjeux de certains comportements sexuels, relève d'une pudeur qui frôle parfois le puritanisme. Certains décrètent ainsi que chacun-e fait ce qu'elle/il veut dans son lit, mais qu'il est préférable de ne pas en parler, car ça n'a rien à voir avec la politique.
Pourtant, chansons paillardes, blagues sexistes et lesbo-gay-bi-transphobes sont encore monnaie courante chez certains anarchistes, renforçant ainsi l'hétérocentrisme régnant. On nie certains comportements sexuels et on entretient la lesbo-gay-bi-transphobie ambiante qui repose sur le seul modèle de l'hétérosexualité. Aujourd'hui, s'affirmer lesbienne, trans, bi ou gay, dans une orga libertaire relève d'un acte courageux (exactement comme sur son lieu de travail ou dans sa famille) que beaucoup n'osent accomplir. Ce que l'on observe aujourd'hui n'est donc pas nouveau dans l'histoire des luttes libertaires. Les mouvements féministes, les luttes lesbiennes, homo et queer ont fait bouger des choses, mais il faut poursuivre les remises en question. Rien n'évoluera sans la mise en place d'outils efficaces en particulier la création de groupes non-mixtes de femmes et d'hommes qui soient des espaces de réflexions politiques sur les rapports de domination, en particulier hommes/ femmes et hétéros/LGBT.
Il ne suffit pas de vouloir abattre le capitalisme et le patriarcat à travers les patrons et l'ordre moral, encore faut-il tenter de changer les comportements ici et maintenant. Dans le mouvement libertaire, comme ailleurs, rien ne changera sans la mobilisation des principaux intéressé-e-s: les femmes, les lesbiennes, les gays, les bisexuels, les transgenres, l'engagement des hommes et des hétéros est impératif si ceux-ci veulent être cohérents avec la pensée libertaire.
Klito
Femmes libertaires en Ile-de-France, mail : klito@no-log.org
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Le Togo, de l'esclavage au libéralisme mafieux, par Gilles Labarthe
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""Pionnier des indépendances, riche en matières premières, le Togo fut longtemps surnomme "la Suisse de l'Afrique". Les projets de developpement concoctes par les anciennes puissances coloniales l'ont vite fait crouler sous le poids de la dette.
Soumis ensuite aux programmes de privatisation sauvage dictes par la Banque mondiale, ce minuscule Etat devint un espace off-shore ou s'activent milices privees americaines, agents secrets francais, cooperants allemands, hommes d'affaires sans scrupules, politiciens corrompus et avocats vereux. Autant de reseaux qui se concurrencent au service d'une passion commune: arracher leur part du butin en detournant les fonds publics, participer au pillage des ressources naturelles pour leur propre compte ou pour celui de multinationales predatrices.
En reponse aux theses persistantes qui voudraient attribuer la responsabilite du marasme aux Africains eux-memes, ce livre demonte les principaux mecanismes et jeux d'influence etrangers qui ont contribué à ruiner l'equilibre economique et social d'une jeune nation.
Le coup d'Etat militaire et les pressions diplomatiques qui ont immediatement suivi la mort de Gnassingbe Eyadema, le 5 fevrier 2005, apres trente-huit ans d'un regime sans partage, l'ont encore confirme: les chancelleries occidentales ne cessent d'interferer pour imposer leur candidat a la succession du dictateur et garantir leurs interets dans la region.""
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11 Euros
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BP 70072
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Depuis 9 mois sont détenus des innocents pour avoir protestés contre le nouveau code pénal de la ville de Buenos Aires (qui leur interdit de travailler), lors d'incidents provoqués par des policiers en civil. Depuis 7 mois sont détenus des chômeurs pour avoir demandé du travail. Tous risquent plus de 10 ans de prison pour des accusations inventées de toutes pièces. Il est évident qu'il s'agit pour le pouvoir d'intimider et de dissuader les pauvres de ce pays.
Le célèbre historien argentin, Osvaldo Bayer, auteur de "La Patagonie rebelle", nous en donne sa vision.
AGENDA ARGENTIN DE L'ETHIQUE
par Osvaldo Bayer
J'ai toujours rendu visite aux prisonnier(e)s politiques. (...) Il y a deux jours, je suis allée à la prison de Devoto. Quand j'y entre,
j’éprouve de la tristesse, de la mélancolie et de la rage. L'entrée par laquelle arrivent les familles des prisonniers est remplie d'ordures et de tristesse. Et les femmes avec des paquets d'aliment. Ce sont les véritables victimes de la société, de cette société qui n'a jamais cessée d’être autoritaire. (...) Donc, il y a deux jours je suis allé à la prison de Villa Devoto rendre visite aux prisonniers de la "Legislatura" (Parlement de la ville de Buenos Aires). Il est quand même formidable de dire qu'ils sont prisonniers pour le "Code de Vie en commun."Prisonnier(e)s pour vie en commun ? Oui. Ils et elles sont vendeurs ambulants, travestis et prostituées. Ils sont prisonnier(e)s depuis juillet 2004, accusé(e)s de charges qui peuvent leur faire souffrir 14 ans de prison. Rien de moins que de "coaction aggravée, privation de liberté, résistance à l'autorité. Oui, quatorze ans !
Tous les accusé(e)s sont d'une extrême pauvreté. Bien sûr, ils sont prisonnier(e)s politiques pour n'importe quel connaisseur de la société argentine. Une société qui n'a jamais rien fait pour elles et eux.
Au contraire. Des vendeurs de cacahouètes, de sandwichs, de pop-corn, de glaces. Ce sont eux "les véritables coupables du fait que le pays ne va pas très bien". Pour cela, matraques, prison, pour qu'ils et elles disparaissent des rues de la ville. Un d'entre eux, un jeune de Santiago del Estero (province pauvre du centre du pays), m'a raconté : "J'avais un petit stand près de la Place de Mai, je vendais des jus de fruit et des choses pour les touristes ; toutes les semaines, la police m'exigeait vingt pesos, et ensuite est arrivé l'ordre de nous radier ; je suis allé protester à la "Legislatura". Ils nous ont matraqués, emmenés au commissariat et de là à la prison. Ma femme a du retourner à Santiago avec mes deux enfants, à vivre chez sa mère. Je suis prisonnier depuis juillet, pire qu'un chien d'égout et depuis neuf mois je n'ai pas vu ni mes enfants ni ma femme." Vie en commun. Il d?ment avoir lancé des pierres. Ou brisé une porte. Ce furent les policiers en civil qui ont tout provoqué.
Parmi eux se trouvait Laneri, qui avait aussi joué le provocateur à la fabrique Brukman. Les témoins de l'accusation sont tous des policiers. La plainte a été initiée par le président du Parlement de Buenos Aires, Santiago de Estrada, qui comme antécédent démocratique a d'avoir été ambassadeur de la dictature de Videla au Vatican. Engendrements argentins.
Mais cela oui, les vendeurs ambulants il faut leur mettre 14 ans dans la prison de l'ignominie. La grande rencontre policière contre la pauvreté de Buenos Aires a terminé avec la pauvreté pour toujours. Il n'y a pas plus de pauvres dans nos rues. Grâce au sous-inspecteur Ariel Alberto Romano de la comissariat 49, qui a dirigé les opérations, maintenant s'est terminé la
l?pre dans la ville. Ce sont les méthodes. Un des prisonniers m'a dit avec tristesse : "Je voudrais demander l'asile politique dans un autre pays pour survivre à la violence, aux cafards, aux rats et aux ordures ici dans la prison de Devoto."Les détenu(e)s, pour lesquel(le)s on n'a pas tenu compte du fait qu'ils (elles) étaient descendu(e)s dans la rue ce jour-là
pour défendre désespérément leur "source de travail" dans une société égoïste et perfide, m'ont fait comprendre, avec leurs récits directs et désespérés, que si nous avons toujours quelque chose des principes chrétiens enseignés par Jésus et un reste d'éthique (vise la droite ultra catholique), tous les organismes de défense des Droits Humains doivent les assister. Ne pas les abandonner. Faire la contre-enquête. Les politiques responsables ne peuvent pas nous répondre "c'est aux mains de la justice". Quelle justice, celle qui laisse libres tous les grands tortionnaires et profiteurs et met en prison les plus modestes, ceux qui n'ont pas de travail ? (...) Mais si je pouvais, j'irais aussi rendre visite aux prisonniers de Caleta Olivia.
Prisonnier(e)s politiques. Ils les ont arrêtés parce qu'ils demandaient du travail. Ils sont prisonniers depuis le 3 septembre dernier, c'est à dire rien de moins que sept mois. Une ignominie. Une honte argentine. Ils sont six hommes et trois femmes, sont parents de 23 enfants. Ils sont en prison pour avoir réclamé des postes de travail aux entreprises pétrolières qui
opèrent à Santa Cruz (province du sud). Nous le répétons : à Santa Cruz (Kirchner était le gouverneur de cette province avant d’être élu président). Par hasard monsieur le juge, il y a une autre accusation contre eux ? Non. C'est l'unique, ornée bien sûr avec d'autres mots. Ils ont été les porte-paroles des travailleurs qui ont campé face à la mairie et ensuite occupé dans les installations pétrolières de Termap. Le pouvoir a reconnu la raison ouvrière et ainsi ils ont obtenu 400 postes de travail et l'acte-accord a été signé par les entrepreneurs, le maire de Caleta Olivia et quatre des six ouvriers qui sont prisonniers. Une fois terminé le conflit, les entreprises se sont vengées. Elles les ont fait mettre en prison avec les mots de toujours : "privation illigitime de liberté, usurpation, dégats, ralentissement de l'activité économique, empêchement de fonctions publiques", pour lesquels sont prévus 16 ans de prison. Je lui demanderais, à monsieur le juge et à monsieur le gouverneur, si ils ne savent pas que le mouvement ouvrier argentin, au début du siècle dernier, a réussi à conquérir les sacrées huit heures de travail en sortant dans la rue et en luttant à visage découvert. Les ouvriers de Caleta Olivia ont aussi lutté pour quelque chose de sacré :
pouvoir travailler.
Un des prisonnier s'appelle Mauricio Perancho. Il a 32 ans et sept enfants. Il parle peu mais quand il le fait, il dit ceci "Ici commandent les entreprises pétrolières. La faute est du gouvernement parce que nous avons signé un accord et eux s'engageaient à nous donner des postes de travail et ils ne l'ont pas respecté". L'Eglise lui a demandé si ses enfants avaient besoin de quelque chose et lui a répondu : "La seule chose dont ils ont besoin est de leur père en liberté".Une phrase pour ceux qui gouvernent. Il faut une loi d'amnistie pour les prisonniers politiques.
Tout recommencer à zéro. Un véritable code de vie en commun. Et non ce qui vient de se passer à Salta (province du nord) où le gouverneur Romero a attaqué avec matraques et balles de gomme rien de moins que les professeurs qui réclament leurs droits. Ils gagnent un salaire de misère.
L'injustice couvre le sol argentin. On persécute à coup de battons les professeurs comme s' ils n'étaient pas ceux qui ouvrent le futur de nos enfants. Nous nions le futur argentin. J'espère que les intellectuels péronistes réprouvent avec toute leur énergie ces procédés du péroniste Romero. J'ai vu les larmes désespérées des professeurs de Salta.
Dans l'Agenda Argentin de l'Ethique sont comme rendez-vous indiscutable la libération des prisonnier(e)s politiques et le respect que méritent nos enseignants.
Osvaldo Bayer, Pagina12, 9 avril 2005
Traduit par Fab (santelmo(a)no-log.org)
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Offensive n°6
From : Rimso
Info datant du 15.04.05
Edito :
Défendre le pouvoir d¹achat. C¹est désormais le mot d¹ordre des syndicats et des pubs Leclerc ! Pouvoir acheter. Pouvoir consommer. La société capitaliste transforme même les utopies et les revendications des travailleurs et enterre des décennies de luttes sociales pour les transformer en compromis. La vision étriquée, corporatiste et populiste des syndicats semble atteindre son paroxysme. L’absence de projet de société aussi. Peut-on imaginer construire une alternative au capitalisme en réclamant du pouvoir d¹achat ?
Cette revendication n¹a rien à voir avec les luttes historiques pour de meilleurs salaires. Le glissement sémantique est aussi idéologique.
Réclamer un meilleur salaire s¹inscrit dans une lutte de classe. Vouloir un meilleur pouvoir d¹achat témoigne de la résignation face au dogme capitaliste. Réclamer un meilleur salaire, c¹est lutter au coeur de l¹entreprise, de l¹état. Instaurer un rapport de force avec son patron.
Mener une bataille dans le temps. Le salaire, ce n¹est pas seulement ce qu¹on touche à la fin du mois. C¹est aussi la protection sociale, l¹assurance chômage, la retraite, des acquis tous menacés. Aujourd’hui, la précarité ne touche pas seulement les privés d¹emplois. Être précaire, ce n¹est pas seulement avoir un bas salaire ou pas de salaire. C¹est vivre
aussi dans une insécurité sociale qui fragilise en permanence nos conditions d¹existence laissées pour les laisser entre les mains d¹un patron bienveillant... Face à l’offensive libérale, réclamer du pouvoir d’achat doit bien faire rire le baron Seillière. Cela montre à quel point les luttes sociales ont intégré l¹idéologie capitaliste. Défendre le pouvoir d’achat ne représente rien d’autre que le culte de l¹immédiateté, la fièvre de l’achat. Consommer maintenant, tout de suite. Une drogue qui fait oublier des lendemains qui déchanteraient. Alors que notre planète se meurt de notre système de vie, notre seule revendication serait d’acheter plus ? Non, ce que nous voulons c¹est une vie meilleure, et cela ne passe pas par la consommation. bien au contraire !
Sommaire :
Analyses :
L¹idéologie sportive
Pas d¹Accor pour être exploité-e-s
Lutter contre la précarité 1
Dossier "Homo publicitus" :
La pub sans histoire
L¹industrie de promotion de l¹industrie
Les sciences humaines, un allié précieux
La réalité unique, une nouvelle idéologie
De la pub entre les pubs
Consommation aliénation
L¹hypnose publicitaire ou la perte du regard
Le logo ou la marchandise transformée en personne
La contestation marchandisée
Horizons :
Une étincelle dans la nuit irakienne
Vive la rév-eau-lution
En bref ailleurs :
Entretien
Histoire désordonnée du MIL
Contre-culture :
Souvenirs-souvenirs
Livres
Musique
Arts vivants-ciné
offensive.samizdat.net
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Refuser l'homophobie, est-ce un crime ?
From : sra
Info datant du 08.04.05 (sur a-infos)
Communiqué de presse
Juin 2004, à l'heure même du Mariage de Bègles, le Bloc identitaire distribue sa propagande homophobe sur le marché du cours de Vincennes à Paris. Des militants antifascistes s'y opposent ; 4 d'entre eux sont interpellés et jugés le 13 janvier dernier.
Nombre de personnalités soutiennent leur légitime intervention (voir communiqué et liste des signataires :
solidarite.samizdat.net/news.php3?detail=n1104998462.news ). A la surprise générale, le 10 mars, ils sont condamnés à 4 mois de Prison avec sursis et plusieurs milliers d'euros de dommages et intérêts ! Ce sont donc les tenants du discours homophobes qui vont être dédommagés.
Au moment où le gouvernement fait des déclarations fracassantes et prétend dissoudre les groupes d'extrême droite, citant même "les identitaires", c'est pourtant bien les antifascistes que la justice criminalise.
Pour des faits mineurs, malgré les incohérences du dossier et face à des fascistes du Bloc identitaire (organisation issue d'Unité radicale dissoute), les quatre militants antifascistes ont été très lourdement condamnés.
Les juges ont systématiquement refusé de prendre en compte les témoignages et contexte politique permettant de comprendre cette "affaire".
Cette décision de justice n'altère en rien la détermination des antifascistes, ni dans la méthode, ni dans l'objectif. Au contraire, elle pointe du doigt la pressante nécessité de s'opposer aux actes racistes, réactionnaires et homophobes. Voilà bien le seul enseignement de cette affaire.
Plus que jamais, ici et ailleurs, barrons la route aux fascistes !
Les témoignages de solidarité se multiplient et nous vous invitons à y prendre part. De nombreuses initiatives de soutien sont annoncées pour les semaines à venir.
La solidarité est une arme.
Pour tout contact : sra(a)samizdat.net
S.R.A. Solidarité Résistance Antifasciste
21 ter rue Voltaire
75011 Paris
solidarite.samizdat.net
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Petites considérations sur l'antisexisme en milieu libertaire
Vu sur www.alternativelibertaire.org
Quoi de neuf sous le drapeau noir ?
Petites considérations sur l'antisexisme en milieu libertaire
Nous publions ici ce texte reçu d'un collectif féministe libertaire non-mixte, le Klito.
Il reste beaucoup de choses à faire pour une réelle lutte contre le patriarcat dans les groupes libertaires. Le collectif non-mixte de femmes Klito pointe quelques problèmes et propose des pistes d'actions. Nous, femmes féministes libertaires, voulons tirer un signal d'alarme. Nous dénonçons la double journée des travailleuses qui, une fois rentrées au foyer, se coltinent les tâches ménagères, mais dans le cadre militant, on pourrait parler d'une " double lutte ". La lutte contre le patriarcat requiert en effet deux fois plus d'énergie que d'autres combats, car elle exige de se battre non seulement sur le front social, mais aussi à l'intérieur même des groupes politiques. En effet, qui colle les étiquettes sur les enveloppes ? Passe le balai dans les salles de réunion ? Le plus souvent, des femmes. Qui coordonne les manifs ? Parle le plus fort en réunion ? Le plus souvent, des hommes.
Dans les groupes libertaires de l'Hexagone, la thématique des femmes est certes prise en compte, mais de manière peu satisfaisante. Si quelques groupes se mobilisent pour le 8 mars ou contre les anti-IVG, on peut se demander quelle est la place réelle de la lutte antipatriarcale dans les pratiques et les réflexions des groupes libertaires en France.
Ne nous faisons pas d'illusions : les libertaires, reproduisent les dominations liées au genre et à la sexualité... comme tout le monde. Sauf que, lorsqu'on prétend combattre les dominations, il serait bon de se pencher sur celles que l'on entretient. Ne pas y prêter attention est la meilleure façon de renforcer ce phénomène.
Un peu d'histoire
Le mouvement anar n'a pas souvent hissé le féminisme au rang de ses préoccupations majeures ; un coup d'oeil sur l'histoire nous le confirme. Bakounine qui prônait l'égalité complète entre les femmes et les hommes, a dénoncé la contradiction de beaucoup de militants mâles : en lutte pour l'égalité et la liberté sur le terrain économique et social, ils se comportent comme des tyrans dans leur foyer. Par contre, Proudhon, un pilier du mouvement libertaire, fait figure de misogyne notoire. L'auteur d'une phrase comme " la femme est un joli animal, mais c'est un animal. Elle est avide de baisers comme la chèvre de sel ", est encore le maître à penser de beaucoup. Même chose pour l'homophobie, longtemps assumée par de nombreux anarchistes. Leur argument étant que l'homosexualité représentait une " perversion bourgeoise ". Emma Goldman ne rapporte-t-elle pas les obstacles auxquels elle se heurtait quand elle abordait cette question ? " La censure vint de mes propres rangs parce que je traitais de sujets aussi " peu naturels " que l'homosexualité " raconte-t-elle en 1912. L'idée de libération sexuelle a souvent été récupérée et vidée de son sens antipatriarcal. Pour la plupart des militants, en 1936 comme en 1970, elle signifiait avant tout une disponibilité sexuelle des militantes et des féministes aux désirs masculins.
Les femmes " invisibilisées "
La problématique du genre est rarement intégrée dans les discours et les luttes anticapitalistes ou antiracistes. Partant du bon vieux principe sexiste que le masculin l'emporte sur le féminin, on défend les chômeurs sans prendre en compte qu'ils sont surtout des chômeuses, et que les femmes sont deux fois plus exploitées que leurs collègues dans le monde du travail. En ce qui concerne le soutien aux sans-papiers, on retrouve les mêmes travers : les femmes sont " invisibilisées " alors que leur situation est toujours pire que celle des hommes. On justifie parfois l'absence de cette thématique par le fait que le genre relèverait d'une théorie bourgeoise prônant l'interclassisme. Alors qu'il s'agit d'un outil d'analyse précieux pour comprendre les inégalités, entre hommes et femmes, entre les hétérosexuels et les autres. La non-prise en compte de cette question se produit de plusieurs manières. Cette invisibilité de l'oppression des femmes, en particulier, vient notamment du fait que de nombreux libertaires (hommes et femmes) possèdent une vision cloisonnée des luttes. Comme si les problèmes rencontrés par les femmes pouvaient se réduire à un seul espace de lutte. Alors que dans les luttes contre le patronat, la misère et la précarité, ou pour la liberté de circulation et les droits des immigré(e)s, les femmes sont les premières atteintes, il est rarement fait mention, dans les tracts par exemple, de ce qu'elles subissent à cause de leur sexe. La question du genre est transversale et présente dans toutes les luttes ! Croire, comme beaucoup, que ce thème est réservé aux femmes (femmes dont on va dire, dans le meilleur des cas, qu'on les " soutient dans leur lutte ") permet de se dédouaner de ne pas participer à la lutte contre le patriarcat. L'intitulé " Commission femmes " utilisé par certains groupes libertaires, comme par des partis sociaux-démocrates, révèle bien le désengagement implicite des hommes. Le mouvement Mujeres libres (Femmes libres) pendant la Guerre d'Espagne constitue un exemple unique de lutte massive de femmes anarchistes. Mais il ne faut pas oublier que ce groupe de féministes prolétaires, rassemblant jusqu'à 20 000 femmes, a rencontré de nombreuses résistances chez les hommes du même bord. Ces derniers qui pensaient que les ouvrières volaient leur place aux hommes, n'ont pas accepté, en particulier, que les Mujeres Libres critiquent la glorification de la maternité. Vous avez dit " non-hiérarchie des luttes " ?
Patriarcat et capitalisme
Une autre façon, plus subtile, de ne pas intégrer le féminisme aux luttes en cours, est, paradoxalement, d'inclure " naturellement " le thème patriarcal à la lutte des classes. Pour certain-e-s, il suffit de se réclamer de l'anarchisme pour être automatiquement féministe. Considérer le patriarcat comme un avatar ou une conséquence du capitalisme, c'est refuser de voir la spécificité de ce système fondé sur le genre. C'est bien utile de penser qu'en menant une lutte des classes, on lutte contre toutes les dominations ! Le capitalisme ne totalise pas l'ensemble des oppressions (cela serait bien simple). La lutte contre le patriarcat est une lutte à part entière. Et si les effets du patriarcat et du capitalisme se renforcent et s'interpénètrent, il faut bien admettre qu'il s'agit de deux systèmes autonomes (certaines sociétés patriarcales sont bâties sur une économie qui n'a rien de capitaliste). Et qu'il y a donc deux luttes (au moins) à mener parallèlement. Parmi les femmes militantes libertaires, peu dénoncent ces carences. Sans doute parce que comme toutes les autres femmes elles ont intériorisé l'invisibilité du patriarcat. Il y a de fait plus d'hommes que de femmes dans les groupes anarchistes. Le fait que les femmes s'investissent peu dans la politique est un phénomène social, mais l'image violente et guerrière qui colle encore à la peau de ceux qui brandissent le drapeau noir y est sans doute pour quelque chose. Entretenir ce " folklore " viriliste a-t-il vraiment un sens ? Par ailleurs, pour de nombreuses femmes il est difficile de se reconnaître comme faisant partie du groupe des femmes. Se persuader que nous vivons les choses de manière identique aux hommes dans la réalité sociale permet de se fondre dans le groupe des militants au nom de la cohésion du groupe. On les comprend : les femmes qui tentent de pointer ces questions d'oppression en interne se voient affublées de l'étiquette " féministe ", qui signifie pour beaucoup " emmerdeuse chronique ". Ce mépris pour la question du patriarcat traduit la difficulté à regarder en face les mythes sur lesquels reposent de nombreux groupes politiques, tels que : " la question du pouvoir n'existe pas au sein du groupe ", " il n'y a pas de domination entre les militant(e)s ", etc. Il est temps de reconnaître qu'un groupe militant n'est pas coupé du reste de la société et ne fonctionne pas en vase clos.
Le genre ? Connais pas...
Dommage que les analyses de certains libertaires se limitent au statut des femmes sans prendre en compte la construction sociale des genres féminins et masculins. La plupart des libertaires n'arrivent pas à dépasser les théories essentialistes selon lesquelles nos comportements reposent sur des différences biologiques, différences qui sembleraient expliquer (sans la justifier) la domination masculine. Or, la nature seule ne peut fabriquer les catégories hommes/ femmes telles qu'elles existent. On ne naît ni homme ni femme ; on devient l'un ou l'autre. Dès notre enfance, la famille, l'école et la société en général nous inculquent des rôles différents selon notre sexe biologique. Aux filles, sont enseignées les valeurs de douceur, de compréhension, de soumission et de passivité. Aux garçons sont transmises celles de la violence, du courage, de l'affirmation de soi. La prise en compte de ce conditionnement qui forge chacun-e d'entre nous permet de dépasser la thèse d'un déterminisme biologique et de qualités " naturellement " féminines et masculines. La construction du genre que le milieu féministe s'est largement approprié, y compris chez les réformistes, ne parvient pas à faire sa place dans les milieux libertaires. En effet, il est plus facile de s'unir sur la base d'un ennemi commun extérieur (les religions, les fachos qui bafouent les droits des femmes et les patrons qui les exploitent) que de se remettre en cause individuellement pour tenter d'entrevoir les rapports de pouvoir qui existent au sein des organisations libertaires. C'est ainsi que la majorité des groupes libertaires non seulement ne remet pas en question les fondements du patriarcat mais l'entretient.
La sexualité est politique
Cette lacune dans la réflexion des libertaires en matière de féminisme entraîne, outre une discrimination à l'égard des femmes, une négation des lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT). Ces derniers existent-ils/elles dans les milieux libertaires ? Bien sûr, comme partout dans la société. Néanmoins, on est en droit de se poser la question tant elles et ils sont " invisibilisé(e)s ". Sous couvert de respect de la liberté individuelle, on déclare que le privé n'est pas politique et on impose un tabou sur les discussions autour des sexualités, quelles qu'elles soient. On refuse de considérer que la sexualité est construite culturellement, une donnée essentielle issue des luttes des années soixante-dix. Refuser de parler des enjeux de certains comportements sexuels, relève d'une pudeur qui frôle parfois le puritanisme. Certains décrètent ainsi que chacun-e fait ce qu'elle/il veut dans son lit, mais qu'il est préférable de ne pas en parler, car ça n'a rien à voir avec la politique.
Pourtant, chansons paillardes, blagues sexistes et lesbo-gay-bi-transphobes sont encore monnaie courante chez certains anarchistes, renforçant ainsi l'hétérocentrisme régnant. On nie certains comportements sexuels et on entretient la lesbo-gay-bi-transphobie ambiante qui repose sur le seul modèle de l'hétérosexualité. Aujourd'hui, s'affirmer lesbienne, trans, bi ou gay, dans une orga libertaire relève d'un acte courageux (exactement comme sur son lieu de travail ou dans sa famille) que beaucoup n'osent accomplir. Ce que l'on observe aujourd'hui n'est donc pas nouveau dans l'histoire des luttes libertaires. Les mouvements féministes, les luttes lesbiennes, homo et queer ont fait bouger des choses, mais il faut poursuivre les remises en question. Rien n'évoluera sans la mise en place d'outils efficaces en particulier la création de groupes non-mixtes de femmes et d'hommes qui soient des espaces de réflexions politiques sur les rapports de domination, en particulier hommes/ femmes et hétéros/LGBT.
Il ne suffit pas de vouloir abattre le capitalisme et le patriarcat à travers les patrons et l'ordre moral, encore faut-il tenter de changer les comportements ici et maintenant. Dans le mouvement libertaire, comme ailleurs, rien ne changera sans la mobilisation des principaux intéressé-e-s: les femmes, les lesbiennes, les gays, les bisexuels, les transgenres, l'engagement des hommes et des hétéros est impératif si ceux-ci veulent être cohérents avec la pensée libertaire.
Klito
Femmes libertaires en Ile-de-France, mail : klito@no-log.org
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